Nouvelles modalités de recrutement des enseignants et fin programmée de la formation professionnelle : c’est pour bientôt !

jeudi 18 septembre 2008
par  sudeducationalsace
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Gouverner, c’est prévoir ?!

La réforme annoncée en conseil des ministres le 2 juillet 2008 est en train de prendre forme dans la précipitation la plus totale puisque le nouveau mode de fonctionnement des recrutements est censé être opérationnel pour la rentrée de septembre 2010. Les candidats actuels au CAPES connaîtront donc cette année une phase de transition, dont les contours sont encore flous et ce alors même que les futures modalités de recrutement ne sont pas clairement définies. Bref, on ne sait pas bien où on va ni comment on y va…

Un recrutement à bac + 5

Seule certitude (si le calendrier est respecté) : en 2010, pour être pleinement recruté comme enseignant fonctionnaire, il faudra être titulaire à la fois du nouveau master mention « Education et formation » et à la fois du nouveau concours. Un lauréat du concours sans master ou à l’inverse un titulaire du master ayant échoué au concours ne seront pas intégrés à la fonction publique.

Quelles en sont les conséquences ?

- La disparition du statut de « professeur stagiaire » avec les droits y afférant et notamment la rémunération de la formation. Concrètement, l’étudiant ambitionnant de devenir enseignant devra financer par ses propres moyens 5 années d’étude, et celui ou celle engagé dans un master recherche devra en financer au minimum 6 (si des équivalences sont acceptées) voire 7 !

- SUD éducation dénonce cet allongement du temps des études à la charge des étudiants pour des motifs purement financiers.

- Qu’adviendra-t-il des étudiants qui n’auront pas rempli les deux conditions de recrutement ? Sans nul doute, ils constitueront un vivier d’enseignants employés de manière contractuelle, sans les garanties du statut de fonctionnaire, jetables à merci et qui seront plus susceptibles de craindre les pressions de plus en plus marquées de la hiérarchie.

- SUD éducation dénonce l’institutionnalisation de ces nouvelles catégories de professeurs : d’un côté, un corps d’élite de fonctionnaire, mieux payé car recruté au niveau master, et de l’autre, une masse de précaires vulnérabilisée.

Une préparation au rabais de l’entrée dans le métier d’enseignant

Avec, au premier chef, la disparition actuellement prévue du stage en responsabilité, pendant lequel le stagiaire se formait en enseignant pendant une année scolaire complète dans quelques classes.

- SUD éducation alerte les futurs enseignants et leurs futurs élèves sur cette disparition de l’apprentissage réel, concret et effectif du métier. Le volet pratique de la formation va se réduire à quelques temps d’observation et à des mises en œuvre ponctuelles de bout de cours. Cela sera-t-il suffisant pour être apte à enseigner ? Les premières années à plein temps seront encore plus dures…

1) Contenu du Master éducation et formation

Pour rentrer dans le cadre du système LMD, chaque enseignement validé donnera droit à des crédits de points ECTS. Au cours des quatre semestres, répartis sur deux années (M1 et M2) l’étudiant devra acquérir 60 crédits ECTS.

Pour ce que l’on en sait actuellement, le contenu devra porter sur quatre aspects : disciplinaire, épistémologique, didactique et professionnel.

Cela signifie que l’étudiant devra approfondir ses connaissances dans la matière qu’il enseignera, tout en suivant déjà des cours de pédagogie (avant même d’avoir été confronté aux élèves) et en allant dans des classes faires des stages de pratique accompagnés, bien évidemment non rémunérés, sous la tutelle d’un enseignant expérimenté (voire simplement en fin de carrière) appelé « compagnon ».

- SUD éducation s’interroge sur la possibilité d’une formation de haut niveau dans ces conditions où l’étudiant sera amené pendant deux ans à papillonner entre les différents modules du master, à valider la grille des 10 compétences mise en place depuis 2007 et à préparer en sus un concours.

- SUD éducation s’interroge également sur l’avenir du corps des PLP : pour les enseignements professionnels, va-t-on créer des masters de métiers techniques, aujourd’hui tout à fait absents des universités ? Comment pourra-t-on être enseignant de 2 disciplines comme les PLP en matières générales ? Faudra-t-il être titulaire de deux masters ?!

- SUD éducation s’interroge enfin sur la réalisation pratique des stages : les établissements du secondaire pourront-ils accueillir des stagiaires deux ou trois fois plus nombreux que les stagiaires actuels ? Aura-t-on assez de « compagnons » compétents ? Ne risque-t-on pas d’avoir des classes dont l’année scolaire se résumera à voir défiler des successions d’étudiants débutants, qui n’auront pas le temps de progresser ? Quelle qualité d’enseignement va-t-on du coup fournir à ces élèves ? Quels types d’établissement seront « sélectionnés » pour jouer le rôle de laboratoire ? Il y a fort à parier que les ZEP, où les parents d’élèves sont moins réactifs, seront plus touchées que des établissements de centre-ville…

2) Contenu du concours

Les grands concours nationaux actuels, CAPES et agrégation, ont vécu. Seront-ils remplacés par des formes de recrutement régional au niveau académique comme pour les PE ? Mystère.

Pour l’avenir de l’agrégation (sans doute encore plus élitiste puisque, si elle demeure proche de sa forme actuelle, il faudra se permettre de « sacrifier » un ou deux ans à sa préparation), pour la pérennisation des concours internes, notamment pour les contractuels actuels qui n’auront pas le nouveau master, c’est aussi la grande inconnue.

Le nouveau CAPES (si le terme est maintenu) comportera 3 épreuves écrites en fin de S3 (c’est-à-dire en janvier de la seconde année de Master) :

(1) une épreuve disciplinaire, dont on se demande comment les exigences ne sauraient être rabaissées et qui, étant unique, constituera une sorte de loterie pour les candidats.

(2) une épreuve montrant la capacité à planifier et organiser son enseignement, dont on se demande vraiment à quoi un concours (avec nécessaire un classement…) pourra ressembler ? Faudra-t-il juste « recracher » bêtement sa progression annuelle ?

(3) une épreuve de connaissance du système éducatif et des différents aspects de la profession, qui là encore ne semble avoir aucune consistance. Comment évaluer cela ? Faudra-t-il s’adonner à une dissertation de droit administratif ?!

Il y aura également un oral, sans doute en fin de S4 (juin de M2), portant vraisemblablement sur le mémoire que les étudiants devront avoir réalisé en cours d’année (en plus de la préparation au concours).

SUD éducation craint la mise en place d’un concours où la place faite à l’arbitraire dans l’évaluation d’épreuves pour l’instant indigentes dans leur éventuel contenu.

Les nouveaux métiers de l’éducation…

La réforme prévoit également un « master sciences humaines et sociales pour l’encadrement pédagogique » où seront formés non seulement les CPE et les formateurs, ce qui peut se comprendre, mais également les chefs d’établissement et les inspecteurs !

- SUD éducation dénonce ce tournant managérial, certes déjà bien entamé, dans la formation des cadres de l’EN. Il est impensable que de purs « managers », qui n’auront parfois jamais enseigné, soient en charge de « coacher » les équipes pédagogiques d’enseignants et d’évaluer les personnels.

Une génération sacrifiée ? Les candidats de l’année scolaire 2008-2009

Cette année de transition sera une année trouble puisque l’ancienne formule perdure tandis que la nouvelle sera mise en place progressivement, selon un calendrier qui a déjà pris du retard.

Les lauréats du CAPES et de l’agrégation ne devraient pas avoir de problème : ils bénéficieront encore d’une année de formation avec stage, selon l’ancienne formule.

Par contre, les étudiants non admis vont devoir valider leur année de préparation au concours comme étant équivalente aux deux semestres de M1 : cela ne devrait pas poser de problème pour les admissibles, mais pour les autres ? Le flou est encore total : l’IUFM appelle à des concours blancs avec notation indulgente (c’est-à-dire non représentative des grilles de notation du concours et donc ne permettant pas vraiment aux candidats de se situer…).

Ceux qui auront validé leur année de M1 seront admis en M2 en 2009-2010 et constitueront donc la première promotion du nouveau master.

Par conséquent, les lauréats du concours en juillet 2009 et les nouveaux titulaires du concours et master en 2010 arriveront en même temps dans les collèges et les lycées en septembre 2010. Il est donc à craindre que cette année, le nombre de postes au concours soit sévèrement réduit pour laisser plus de place à la nouvelle formule.


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