Lycée professionnel : entre « excellence » et formation au rabais...

mercredi 27 juin 2018
par  sudeducationalsace
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Pour bien finir l’année, Jean Michel Blanquer a souhaité présenter avant les départs en vacances son projet de « réforme » de l’enseignement professionnel, sensé « revaloriser » cette voie professionnelle...

Mais nul besoin pour cela de s’attaquer à l’orientation par défaut (souvent basée sur la faiblesse des résultats scolaires), à la rémunération des personnels ou à l’offre de diplôme, qui s’amenuise ! Au contraire, il suffit de parler de « campus d’excellence », et le tour est joué !

Concrètement, les principales mesures consistent à réduire les heures de cours dans les diplômes professionnels (afin de supprimer 7000 postes !), permettre aux élèves de faire leur CAP sur mesure (en 1 an, ou 2 ans ou 3 ans), afin d’intégrer plus de « publics » différents dans un diplôme...


Pour plus de détails, voir l’analyse de la fédération SUD Éducation : Derrière la communication, une nouvelle attaque contre le LP


Mixité des publics, mixité des parcours

Qu’est-ce que ça donnerait dans une classe ?
Pour l’instant, Blanquer promet que publics scolaires et apprentis seront dans des classes différentes. Or des « expérimentations » mixant les publics ont déjà été faites. Son projet de réforme parle aussi d’allers-retours entre le statut scolaire et le statut d’apprenti, voire de stagiaire (joliment baptisé « mixité des parcours »)
Quelles conséquences pédagogiques ?
Comment enseigner lorsque les élèves d’une même classe passent un diplôme en 1, 2 ou 3 ans « au choix » ? Partent en stage à des périodes différentes ? Impossible de faire cours collectivement. Impossible de créer des moments d’échanges avec et entre élèves. Individualiser les parcours, c’est aussi isoler les élèves. Ne faire que des cas particuliers, c’est nier l’intérêt de l’échange collectif. L’enseignant(e) risque de devenir un(e) distributeur/ramasseur/correcteur de copies...

Vu à la télé !

La réforme envisage la réalisation et la présentation d’un chef d’œuvre (qui prendrait 165 heures d’enseignement sur 1045 heures sur 2 années de CAP par exemple... Si c’est un CAP sur 2 ans...).
Régis Marcon, chef étoilé à l’origine du rapport remis le 22 février 2018 et à l’origine de cette proposition, veut certainement surfer sur la vague des multiples émissions télévisées de concours de cuisine ou de pâtisserie. Mais quel « chef d’œuvre » pourrait donc produire un élève en conduite routière ? Ou en maintenance des équipements industriels ?
Que faire des formations qui ne collent pas au modèle d’excellence vanté dans les médias ?...


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