Lycées Connectés Microsoft du Grand Est

vendredi 27 septembre 2019
par  sudeducationalsace
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Depuis environ deux ans, la région Grand-Est a fait le couteux choix d’inscrire ses lycées dans un dispositif, le « Lycée connecté 4.0 ».
L’ambition est de « développer les usages du numérique pour les 218 000 lycéens de la région (d’ici 2020), afin de proposer à cette jeunesse des conditions de travail modernes lui permettant de mieux appréhender les nouvelles technologies et facilitant ainsi son insertion », nous disent en substance les hautes instances régionales. En bonus, un douillet bain d’ondes wifi pour tous.

PNG - 22.1 ko Face à un certain nombre de critiques qui commencent à se faire entendre (axées essentiellement sur les aspects sanitaires liés aux « excès d’usage »), il s’agit donc pour les promoteurs du numérique de développer des stratégies visant à légitimer culturellement et socialement certains usages des NTIC, en les présentant comme populaires, et surtout capables de développer de nouvelles formes de coopération. Les concepts de partage, de mutualisation et de coopération, récupérés par le capitalisme qui les vide de leur quintessence, sont ainsi mobilisés dans les discours accompagnant l’introduction de ces NTIC au cœur du système éducatif, et tout particulièrement dans le cadre du
4.0. Parallèlement, les experts en ingénierie pédagogique (assistés de quelques enseignants technophiles et carriéristes) convaincus que l’innovation technologique doit être le seul moteur de l’innovation pédagogique, s’attellent à développer toute une batterie de nouveaux usages des NTIC (comme les tests de connaissances avec QR-code, sur ordiphone) qui seront alors officiellement qualifiés « d’intelligents » par l’institution scolaire.

Outre rassurer et séduire éducateurs, parents et élèves, l’objectif est aussi de rendre plus poreuse les frontières entre les sphères scolaire, professionnelle et privée pour tous ces acteurs, en assurant entre celles-ci une continuelle connectivité qui permettra la réalisation d’un nombre toujours plus important d’activités via les prothèses numériques plébiscitées. C’est toute une pléthore de nouvelles ressources numériques faisant une très large place à l’image (vidéos YouTube, contenus dynamiques…) qui sera ainsi rendue enfin accessible à tous. Fini donc les manuels papier et autres cahiers poussiéreux qui contribuaient à détruire nos forêts et alourdir les cartables de nos pauvres bambins, et place aux nouveaux matériels 100 % Microsoft. Soucieuse d’offrir à toute sa jeunesse la possibilité de bénéficier de l’exclusivité du matériel Microsoft, la région va jusqu’à subventionner une aide plafonnée à 225 € pour les familles dont le revenu net mensuel est inférieur à 6000 € (avec nos
impôts !). La position monopolistique de Microsoft met en exergue les dimensions mercantiliste et utilitariste de ce projet. Dans une région où la laïcité est déjà mise à mal, il serait impératif de veiller à ce que l’école, espace sanctuarisé, soit protégée de la tyrannie des marques.

Que faire alors ? Face au constat accablant (conséquences sociétales, sociales, environnementales, et sanitaires des NTIC) dont nous devons débattre avec nos élèves, il semble urgent de réfléchir collectivement aux solutions politiques qui nous permettraient de nous passer au maximum de toutes ces prothèses, en vue d’une réappropriation de nos vies.


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