Assassinat de Samuel Paty : intégristes et extrême-droite ne doivent pas s’imposer !

vendredi 30 octobre 2020
par  sudeducationalsace
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La profession toute entière, et plus largement l’opinion publique, est horrifiée suite à l’annonce de l’assassinat terroriste de Samuel Paty, enseignant d’Histoire-Géographie dans un collège de Conflans Sainte-Honorine.

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Assassinat de Samuel Paty : intégristes et extrême-droite ne doivent pas s’impsoser !

Nous exigeons que les personnels de l’Éducation nationale puissent aborder cet assassinat sans être instrumentalisé-e-s, sans que la laïcité soit dévoyée et les quartiers populaires stigmatisés. Nous refuserons ainsi de laisser entendre que les élèves des quartiers populaires seraient hostiles à la liberté d’expression, emprunt-e-s de fanatisme voire complices de cette horreur. Nous alertons également les personnels de l’Éducation nationale de la reprise des idées de l’extrême-droite par le ministre Blanquer et les appelons à se mobiliser contre tous les discours stigmatisants ou haineux.

Rappelons qu’en plein confinement, alors même que les établissements scolaires n’étaient pas rouverts, le ministère de l’Éducation nationale avait diffusé une fiche éduscol pour prévenir des risques communautaristes. Depuis le début de l’année scolaire 2019-2020, Jean-Michel Blanquer a multiplié les sorties scandaleuses, créant des polémiques stigmatisant les personnes musulmanes ou supposées telles. Il a été démenti par ses propres services sur le prétendu défaut de scolarisation des petites filles musulmanes. Il a attaqué la FCPE à propos d’une affiche de campagne montrant une femme portant le voile. Il n’a pas condamné fermement l’agression par un élu RN d’une mère d’élèves portant le voile en accompagnant une sortie scolaire.

Le gouvernement n’a rien mis en place pour lutter contre l’islamophobie. Rien n’a été fait après l’acte terroriste et criminel dans une mosquée ni après l’agression et l’humiliation d’une mère voilée en sortie scolaire ni après l’humiliation de la vice-présidente du syndicat étudiant l’UNEF. Bien au contraire, le principe de laïcité ne cesse d’être détourné pour stigmatiser les musulman-e-s.

Plus récemment J.M. Blanquer a repris à son compte le vocabulaire de l’extrême-droite pour accuser certains enseignant-e-s chercheurs-euses de complicité intellectuelle avec le terrorisme. Ces attaques ont été applaudies par Ecole et Nation (un think tank lié au Rassemblement national) et par Marion Maréchal. Ces accusations ne sont pas anodines et rappellent aussi la proximité de Christophe Kerrero, le directeur de cabinet de Blanquer, avec le milieu d’extrême-droite au sein de l’IFRAP, un lobby libéral (dans lequel on trouve des membres du Club de l’horloge) qui milite pour la réduction du nombre de fonctionnaires. On se souviendra aussi de la plainte de Blanquer contre un syndicat suite à l’organisation d’un stage antiraciste.

SUD éducation Alsace rappelle que la laïcité est un principe émancipateur qui doit garantir que personne ne soit discriminé-e en raison de son origine ou de ses convictions politiques et religieuses.

SUD éducation Alsace exige de l’État qu’il débloque de réels moyens humains et matériels (ouvertures de classes, créations de postes et augmentation du budget alloué à l’éducation) pour combattre les inégalités sociales.

Sud éducation Alsace exige que cessent ces discours racistes, islamophobes et xénophobes.

SUD éducation Alsace exige la création d’une médecine de prévention digne de ce nom avec un recrutement massif de médecins, infirmiers-ères et assistantes sociales.

SUD éducation Alsace exige une réelle protection des personnels lorsqu’ils et elles sont menacé-e-s.

Ressources pour aborder la rentrée

A SUD éducation Alsace, nous estimons que la pédagogie est aussi une question syndicale. Suite à l’ignoble assassinat de Samuel Paty, le vocabulaire d’extrême-droite s’impose de plus en plus dans l’espace public. Même le ministre Blanquer cherche à verrouiller le débat sur les seules questions de laïcité et de liberté d’expression.
C’est pourquoi, il nous a semblé important de pouvoir entamer une réflexion avec des supports offrant une perspective antiraciste et émancipatrice. Voici quelques propositions.

Bibliographie/sitographie/filmographie

Ouvrages/BD :

  • Commission européenne, « Moi raciste ? », Une série de BD qui permet de dévoiler les mécanismes liés aux discriminations :
    http://www.egalitecontreracisme.fr/sites/default/files/atoms/files/bd_moi_raciste.pdf
  • Claire Rodier, Migrants et réfugiés, réponse aux indécis, aux inquiets et aux réticents, éditions La Découverte, Paris, 2015, mis à jour en 2018.
  • Cercle des ensaignant•es laïques et Jean Baubérot, Petit manuel pour une laïcité apaisée, La Découverte, Paris, 2016.
  • Mae, « 10 Histoires ordinaires : le racisme ordinaire aujourd’hui en France » : une série de 10 BD qui permettent d’aborder la question du racisme ordinaire :
    https://twitter.com/i/events/856947719058968577

Etudes/Réflexions/Sites internets :

Films/Documentaires :

  • Maisonneuve - À l’école du vivre ensemble, 2019.
    https://www.arte.tv/fr/videos/082759-000-A/maisonneuve-a-l-ecole-du-vivre-ensemble/
    Résumé : Immersion dans un établissement québécois où, après la radicalisation d’une dizaine de jeunes, un projet pilote tente de recréer du lien entre les élèves. Une institution atypique, microcosme d’un Québec tiraillé entre le modèle multiculturel anglo-saxon et la laïcité à la française.

Le vocabulaire brun

Depuis de nombreuses années l’extrême droite impose son vocabulaire dans presque l’ensemble du spectre politique de l’extrême-droite la plus radicale au Printemps Républicain.

Islamo-gauchisme  : désigne la gauche antiraciste qui combat les discriminations islamophobes.

Collabos : le terme est détourné de son sens politique initial pour désigner, à l’instar de l’islamogauchisme, les personnes qui se mobilisent contre le racisme.

Repentance : terme forgé par l’extrême-droite pour désigner la critique contre le passé idéalisé (colonial et esclavagiste) de la France.

Haine de soi  : similaire à la repentance.

Discours victimaire : dénonce la demande de reconnaissance de personnes qui estiment avoir été opprimées par le passé.


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