Suite à l’assassinat de notre collègue Samuel Paty vendredi 16 octobre, dans les Yvelines, des rassemblements spontanés ou organisés ont eu lieu les jours suivants à Strasbourg, Mulhouse, Colmar, Haguenau et un peu partout en France. Pour témoigner de leur solidarité en cette période de recueillement, mais aussi pour ne pas laisser la place aux généralisations, stigmatisations et récupérations islamophobes et racistes de ce drame, les militantes et militants de SUD éducation Alsace étaient présent-e-s dans ces rassemblements.
Pour les enseignant-e-s, la question de la préparation de la rentrée se pose dorénavant avec acuité. Dans différents établissements se tiennent des réunions institutionnelles pour préparer, organiser la rentrée des vacances d’octobre avec la commémoration de l’assassinat de Samuel Paty et des échanges à mener dans les classes. Cependant, la situation varie beaucoup en fonction des établissements.

Pour SUD éducation Alsace, après ce drame, les besoins exprimés par les personnels sont clairs :

- un besoin de protection de la part de l’administration, notamment par le biais de la protection fonctionnelle en cas de menaces ;

- un besoin d’accompagnement pour les élèves et de renforcement de la communauté éducative par le recrutement et l’intervention de psychologues scolaires, d’assistant-e-s sociales·aux ;

- un besoin de formation et un besoin d’échanges, entre adultes mais aussi entre adultes et enfants.

SUD éducation insiste sur la nécessité de faire vivre la liberté d’expression dans les classes, en formant les personnels pour cela et en proposant des outils adaptés. À ce titre, SUD éducation regrette que la réécriture des programmes d’enseignement moral et civique, en 2018, ait sensiblement réduit la part faite au débat, à la coopération et à la pratique effective de la liberté d’expression.

L’erreur serait de plaquer sur les élèves un discours tout fait, en décalage avec leur compréhension du monde ou leur ressenti. Au contraire, il faut prendre en compte les enjeux émotionnels et, pour les plus grands, les enjeux politiques, sans passer sous silence les propos stigmatisants ou les sursauts de haine auxquels les élèves ont pu être confronté-e-s sur les réseaux sociaux ou devant leur télévision.

SUD éducation le redit avec force : nous condamnons toutes les généralisations, stigmatisations et récupérations islamophobes et racistes de ce drame, d’où qu’elles viennent.

SUD éducation propose pour la reprise :

- la banalisation des cours du lundi et mardi afin de permettre aux collègues de se concerter, discuter et préparer la commémoration de l’assassinat de Samuel Paty ainsi que pour échanger et recueillir la parole des élèves et des parents ;

- le report de la minute de silence au moment de la reprise effective des cours, afin que celle-ci fasse pleinement sens pour l’ensemble de la communauté éducative ;

- l’organisation d’un moment d’échange en classe plus tard dans la semaine de la rentrée afin de permettre aux élèves et aux professeurs d’analyser et de comprendre tous les enjeux liés à ce drame.

Au-delà, nous réaffirmons le besoin de moyens supplémentaires alloués à l’école : il est évident que, de manière générale, les échanges avec les élèves et notamment autour de présupposés qu’il s’agirait de déconstruire, ne peuvent se faire convenablement qu’avec des effectifs réduits et de meilleurs taux d’encadrement.

SUD éducation Alsace suivra avec attention la manière dont sera organisée cette reprise qui plus en période de crise sanitaire et de reconfinement.