Sud éducation Alsace condamne la dérive autoritaire à l’oeuvre dans l’éducation

dimanche 15 novembre 2020
par  sudeducationalsace
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Depuis la rentrée il y a maintenant un peu plus de deux semaines, l’ambiance est particulièrement lourde dans les établissements de l’Education Nationale mais aussi de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.

Dés le premier jour, des collègues de nombreux établissements se sont mis en grève afin de pouvoir s’octroyer un temps nécessaire, qui leur était refusé par leur ministère, afin de réfléchir collectivement à la mise en place de protocoles sanitaires adaptés mais aussi et surtout à la manière de rendre hommage à notre collègue Samuel Paty.
Sur les deux sujets, la gestion par le ministère a été catastrophique, abandonnant personnels pédagogiques et administratifs face à des injonctions qui se succédaient.

Concernant l’hommage à Samuel Paty, seules deux consignes furent finalement données : organiser une minute de silence à 11h le jour de la rentrée et signaler toute perturbation à ce moment. Quelques jours plus tard, le ministre a communiqué en disant que quelques « 400 violations » avaient été signalées. Depuis, la presse nous a appris qu’un certain nombre d’élèves, parfois âgés de moins de 10 ans, ont été mis en cause pour « apologie du terrorisme » et « menaces de mort ». Comme l’a révélé Médiapart, pour certain.e.s, cela s’est traduit par des perquisitions par des policiers lourdement armés dès l’aube, suivies de longues auditions des enfants à huis clos, hors de la présence des parents.

Pour Sud Education Alsace, instruire une procédure dans un cadre pénal contre ces enfants est purement scandaleux. Il n’y a eu aucune tentative de prendre en charge ces événements en interne, par la discussion et la pédagogie. Notre institution n’a pas non plus fait le choix de se tourner vers les services sociaux mais de livrer les vies de ces enfants à l’institution judiciaire et policière. C’est non seulement l’Education Nationale en tant qu’institution mais aussi l’ensemble des personnels qui ont participé à ces délations qui portent le sceau de cette infamie.

La pénalisation et la gestion par la police devient une habitude pour les responsables politiques. Encore une fois, nombre de lycéen.ne.s ont eu à subir des violences policières alors qu’elles et ils ne font que réclamer légitimement un protocole réellement protecteur et non une campagne de communication à base de mensonges et de règles inapplicables sans moyens supplémentaires. En plus des violences physiques (matraquages, gazages, et encore des tirs de LBD en plein visage ou à courte portée), une violence morale est imposée aux lycéen.ne.s dont certain.e.s ont été obligé.e.s de montrer leur emploi du temps à des policier.e.s et CRS aux tenues impressionnantes pour pouvoir accéder à leurs établissements.

A l’université, c’est dans le même état d’esprit qu’un amendement inique à la Loi de Programmation de la Recherche crée un délit pénal pour quiconque trouble la « tranquillité ou le bon ordre de l’établissement ». Celui-ci peut désormais être puni par 3 ans de prison et 75 000 euros d’amende et a été introduit dans la version de la loi qui n’est plus amendable. Ainsi toutes les mobilisations sur les campus seront maintenant passibles d’être qualifiées de délit en allant jusqu’à permettre aux procureurs de s’auto-saisir et déchargeant moralement les président.e.s d’université qui laissent régulièrement la police intervenir sur leur campus.

Sud Education Alsace dénonce ces dérives pénalistes et policières qui font de nos établissements des lieux à risque de poursuites et de blessures pour toute personne exprimant son désaccord avec les politiques menées ou les injonctions ministérielles. Nos établissements se doivent de rester des lieux d’émancipation et de discussion entre et parmi ses différents acteurs : usager.e.s et personnels.

Comment interpréter ce recours disproportionné aux services de justice et de police dans le monde de l’éducation ? Cette mise au pas de la jeunesse, par delà une volonté de contrôle étatique autoritaire, s’explique par la vision fantasmée de ce qu’elle est, de ce qu’elle vit au quotidien et de ce qu’elle devrait être autorisée à exprimer et penser par les membres du gouvernement. Cela s’est retrouvé parfaitement illustré par la mise en place du SNU ou plus récemment par une rencontre entre des adolescents et la secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et de l’engagement Sarah El Haïry relater par différents articles de presse. Pour Sud Education Alsace, il est impensable d’exiger de la jeunesse qu’elle se formate en abandonnant toute pensée critique...et encore moins à l’Education Nationale et aux universités de prendre part à ce formatage violent. Nous ne pouvons cautionner la mise en place de méthodes totalitaires dans une société qui se réclame du modèle démocratique.

Sources :

https://academia.hypotheses.org/28130

https://www.mediapart.fr/journal/france/091120/apologie-du-terrorisme-les-familles-d-albertville-disent-leur-stupefaction?onglet=full

https://www.lavie.fr/actualite/societe/a-poitiers-dialogue-de-sourd-entre-les-jeunes-et-leur-secretaire-detat-68160.php


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