Conditions de travail : hémorragie dans l’Éducation nationale

lundi 7 février 2022
par  sudeducationalsace
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Des démissions massives ...

En 2020-2021, on compte plus de 1648 démissions : un chiffre qui a explosé et ne cesse de croître depuis 2008. De plus, l’administration n’a accordé que 296 ruptures conventionnelles pour 4 fois plus de demandes.

Ce sont les professeures stagiaires et les titulaires de moins de 5 ans qui démissionnent le plus : premières victimes d’une formation initiale dégradée par les réformes successives. En effet, les désillusions sont grandes entre les attentes d’un métier porteur de sens, la réalité du travail et le peu de reconnaissance obtenue.

En conséquence, un quart des enseignantes se demandent s’ils et elles n’auraient pas mieux fait de choisir un autre métier. Et encore, ces enquêtes - rarement revendiquées par JM Blanquer - ne prennent pas en compte les effets des réformes récentes comme celle du lycée et les impacts multiples de deux années de protocoles sanitaires sur les conditions d’exercice. Enfin, ces études, insuffisantes en nombre et en portée, ne portent que sur les enseignantes, masquant les expositions aux risques professionnels des autres catégories de personnels.

...liées à la dégradation des conditions de travail

Loin d’être privilégiés, les personnels de l’Éducation nationale ont des conditions de travail souvent plus dégradées que dans les autres secteurs d’activité. Ils et elles sont même particulièrement exposées aux Risques Psychosociaux (RPS) générés par une organisation du travail dangereuse pour la santé mentale, physique et sociale :

  • Près de la moitié des enseignantes n’ont pas de repos de 48 heures consécutives
  • Plus d’un quart des enseignantes ont travaillé plus de 40h la semaine passée.
  • Les enseignantes emportent 7 fois plus de travail à domicile que dans les autres secteurs
  • Les enseignantes sont plus nombreux.ses que les autres cadres et professions intermédiaires à déclarer être jointes en dehors de leurs horaires de travail pour des questions relatives à celui-ci, notamment depuis la Covid19.
  • 2 enseignantes sur 5 déclarent/estiment ne pas avoir les moyens matériels adaptés et suffisants pour effectuer correctement leur travail (2 fois plus que dans les autres secteurs).

(source : Enquête DARES-SUMER 2017)

En s’appuyant sur ces enquêtes, la Cour des comptes souligne aussi l’impact du manque de soutien hiérarchique et l’isolement des enseignantes face à la montée d’agressions verbales ou physiques, dont les effets sur la santé, comme l’épuisement professionnel ou les troubles musculo-squelettiques, peuvent être désastreux. Plus de 66% des enseignantes déclarent ainsi des contraintes posturales et articulaires et près de 50% une exposition au bruit.

Enfin, la situation pandémique n’a fait que rendre visible une exposition très forte aux agents biologiques. Déjà plus sujets que les autres agents publics à certaines maladies transmissibles (grippe, gastro-entérite) et si les études sur le sujet manquent encore, les enseignantes et les autres personnels en contact avec les élèves ont particulièrement été exposés au Covid-19 du fait de l’insuffisance des protocoles et moyens de protection collectifs et individuels mis en œuvre. L’incohérence et la multiplicité des protocoles ont par ailleurs généré par eux même des risques psychosociaux dont les effets sur la santé se matérialisent par l’épuisement constaté au sein des équipes.

Face à l’alourdissement continu de la charge de travail et la multiplication des tâches, les agentes portent de plus en plus la responsabilité de l’organisation du travail sans les moyens pour y parvenir : 60% des enseignantes déclarent ainsi être allées au travail malades contre 43 % pour les autres cadres et professions intermédiaires (note d’information de la DEPP 21.18). Évidemment, il s’agit d’une conséquence directe de la disparition progressive des remplacements et de la culpabilisation ressentie à devoir quitter son poste.

Dans ces conditions, comment s’étonner que moins de 2 enseignantes sur 5 pensent pouvoir exercer leur métier jusqu’à la retraite ?

Agir pour ne plus subir

C’est l’obligation légale de l’employeur d’assurer notre santé et notre sécurité au travail (articles L4121-1 du Code du travail) ! Il doit aussi évaluer, réduire ces risques et mettre en œuvre une organisation du travail adaptée (articles L4121-2 et suivants du Code du travail).

SUD Éducation revendique :

- Le recrutement massif et la titularisation de l’ensemble des personnels contractuels
- La diminution des effectifs dans les classes : 20 en milieu ordinaire, 16 en REP et REP+ et 12 en milieu spécialisé
- Permettre à un maximum de personnels stagiaires et contractuels d’être titularisées puis d’être accompagnées avec une formation par les pairs tout au long de leur carrière
- La création d’instances de proximité permettant une réelle capacité de décision des équipes sur leurs conditions de travail
- Le recrutement massif de médecins du travail et de personnels de prévention pour permettre une réelle prévention et un suivi de la santé au travail pour tous les personnels.


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