Liminaire de SUD éducation Alsace au CSAE du 09/02/23 de l’université de Strasbourg

vendredi 10 février 2023
par  sudeducationalsace
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Au terme des élections professionnelles de décembre 2022, Sud Education a conservé son statut de syndicat représentatif dans l’Enseignement Supérieur grâce au siège obtenu au CSA du Ministère avec nos camarades de Sud Recherche EPST.

A Strasbourg, nous savons d’expérience que ce statut de syndicat représentatif n’était pas considéré par la direction de notre Université qui invente une distinction entre représentativité nationale et représentativité locale en contradiction avec l’article 3 du Décret du 28 mai 1982 relatif à l’exercice du droit syndical dans la fonction publique. Cela résulte en l’éviction d’organisations syndicales représentatives mais qui n’ont pas d’élu.e.s dans le CSAE aujourd’hui, et le CTE hier, des réunions organisées entre la direction et les organisations syndicales en dehors des séances de ce Comité.

Cette distinction de fait ne pourra plus, pour les prochaines années, pénaliser notre organisation syndicale maintenant que nous avons un siège au CSAE.

Sud Education Alsace fait effectivement son entrée dans ce Comité qui succède au Comité Technique d’Etablissement au terme d’élections locales surprenantes. En effet, alors que la participation aux élections professionnelles ministérielles s’est effondrée entre 2018 et 2022, passant de 30,70% de participation à 19,21%, celle aux élections de l’Université de Strasbourg a bondi de 16,47% en 2018 à 30,82% en 2022. Si nous ne pouvons que nous réjouir de cette augmentation de la participation au sein de notre université, notamment car elle renforce encore la légitimité de l’ensemble des organisations syndicales qui siègent aujourd’hui au sein de ce Comité, il nous semble qu’il est important de comprendre les raisons de ces dynamiques opposées entre élections ministérielles et locales entre les deux derniers scrutins.

Comment expliquer que la participation aux élections pour ce CSAE ait été de 10 points supérieure à la participation aux élections ministérielles en 2022, alors que nous accusions plus de 14 points de retard 4 ans auparavant ?

Une première piste naturelle est le fiasco de l’outil de vote numérique choisi par le ministère pour les élections nationales. En effet, à Strasbourg, beaucoup de collègues ont renoncé à voter pour les élections nationales devant les obstacles générés par l’outil. Pour certaines et certains, ce n’est pas un renoncement mais une réelle impossibilité technique qui les a privé.e.s de vote.
Force est de constater que l’outil choisi par l’Université de Strasbourg n’a pas généré une telle entrave à l’expression du vote de nos collègues.
Cependant, la différence d’outils techniques ne saurait expliquer à elle seule les différences importantes dont nous avons parlé au début de ce liminaire. L’Université de Strasbourg n’est pas la seule à avoir utilisé un autre outil que le ministère. Certaines universités ont même conservé le vote à l’urne. Mais, à notre connaissance, aucune autre université n’a connu une telle hausse de participation aux élections d’établissement.

Que s’est-il donc passé à l’Université de Strasbourg entre 2018 et 2022 qui a pu pousser plus du double de collègues à participer aux élections professionnelles locales ?

Nous n’allons pas faire un historique sur toute la période, juste pointer 2 événements :
• en juin 2020, les élu.e.s de la liste “Alternative 2017” ont décidé de démissionner de leurs mandats de membres dans tous les conseils centraux (Conseil d’Administration, Commission de la Recherche, CFVU et donc Conseil Académique). Dans un communiqué, iels expliquaient leur décision : “nous ne souhaitons plus entretenir d’illusion sur le rôle des conseils centraux dans la gouvernance de l’Université de Strasbourg”. Cette illusion c’était celle de la démocratie universitaire impossible de fait de par les pratiques de la présidence. Les compte-rendus des anciennes et anciens élu.e.s d’Alternative 2017 sont édifiants à ce niveau. Les communications des élu.e.s de Refonder, qui siègent au Conseil Académique, montrent que la situation ne s’est en aucun cas améliorée.

• le 19 septembre 2022, le Président Deneken adressait un mail à l’ensemble de la communauté universitaire locale au “sujet des décisions à prendre pour que notre université contribue autant que possible à la sobriété énergétique”. Il faudra attendre les Conseils d’Administration des 8 novembre 2022 et du 13 décembre 2022 pour que ces “décisions à prendre” soient réellement prises par l’instance chargée d’administrer notre établissement. Entre-temps, ce sont l’ensemble des composantes et des collègues qui ont travaillé pour mettre en place des mesures qui n’étaient pas encore décidées et n’étaient, alors, que la seule volonté de l’équipe de présidence. Nos collègues ont bien perçu que ce “plan de sobriété énergétique” était en fait un “plan de sobriété financière” et que “démocratie universitaire” sont, à l’Université de Strasbourg, des mots creux. C’est la volonté de la présidence et non les décisions des conseils qui font loi.

Ainsi, Monsieur le Président, vous avez réussi, au long de ces 4 années qui ont séparé les deux dernières élections professionnelles, à convaincre nos collègues qu’à défaut de démocratie universitaire, il faut compter sur leurs organisations syndicales et donc qu’il est important de participer aux élections professionnelles locales.
Il y a enfin un troisième élément pouvant expliquer la progression de la participation aux élections professionnelles locales. Notre Université a, comme le reste de la société, été fortement impactée par la crise sanitaire qui semble actuellement nous laisser un peu de répit. Trop souvent, au cours de cette crise sanitaire, nos collègues ont eu le sentiment d’être livré.e.s à elleux-même avec une direction qui, loin d’aider, multipliait ordres et contre-ordres. Disons-le clairement, le mot le plus populaire sur nos campus était le néologisme “démerdentiel”. Dans ce brouillard administratif, seul.e.s les élu.e.s aux CTE et CHSCT ont toujours eu des positions claires et constantes.

Sud Education Alsace mesure la responsabilité qui est la sienne en siégeant dans ce Comité. Cette responsabilité n’est pas engagée envers la direction de l’Université de Strasbourg. Elle l’est envers les collègues qui nous ont portés à 9,26% des votes exprimés aux élections pour ce Comité. Notre responsabilité est d’être fidèles au mandat qu’iels nous ont donné. Ce mandat, nous le présentions dans notre profession de foi et tenons à vous le rappeler :

“Si l’ESR est une ruine, ses fossoyeurs sont encore en charge et nous refusons d’assumer avec elleux ce qu’iels ont semé [...]. Nous vous demandons de nous permettre de siéger au CSAE en votant pour notre liste pour que nous puissions repenser l’Université et mettre face à leurs responsabilités celleux qui président à la chute actuelle de nos institutions. Dans le contexte actuel, un syndicalisme de lutte est plus que nécessaire.”


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