L’aide personnalisée : une vraie fausse solution

samedi 13 juin 2009
par  sudeducationalsace
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Institutionnalisée depuis octobre 2008, mise en place dans l’urgence et de manière souvent approximative et autoritaire, l’aide personnalisée est loin de faire l’unanimité chez les enseignants. Et pour cause…

Quelques avantages...

Sur la forme, les modes de regroupement sont très divers, allant de petits groupes d’élèves au groupe classe. Le temps consacré à cette aide varie d’une école à l’autre : matin, midi, soir ; 4 fois ½ heure, 3 fois 40 minutes ou 2 fois 1 heure. Sur le fond, les interventions concernent en grande majorité des enfants ayant des lacunes ponctuelles dans un domaine particulier (français, mathématiques) ou ayant besoin d’une « reprise scolaire » pour automatiser un apprentissage.

La plupart des enseignants s’accordent sur l’impact positif d’un tel dispositif sur la relation à l’élève : l’aide en petits groupes favorise les échanges et constitue un moment privilégié de communication où l’enfant peut travailler à un rythme plus adapté dans une approche parfois plus ludique. Ils sont néanmoins unanimes pour en dénoncer les carences, les contraintes et les paradoxes.

Beaucoup de limites !

En effet, l’aide personnalisée hors temps scolaire alourdit une journée de classe déjà bien trop longue pour de nombreux enfants. Associée aux nouveaux programmes et à la semaine de 4 jours personnalisée, elle contribue à créer un système très rigide qui donne le sentiment aux collègues d’être obligés de tout faire dans la précipitation.

Si l’aide peut s’avérer efficace pour quelques enfants ayant des problèmes scolaires passagers et peu importants, elle ne peut être la réponse à l’échec scolaire. Et c’est bien là que le bât blesse… La mise en place de l’aide personnalisée va de pair avec la volonté politique de supprimer les RASED [1] ; comme si la reprise de connaissances non acquises suffisait à résoudre la difficulté à l’école. Lorsque les obstacles sont différents (stratégies, projet et statut d’élèves, sens donné aux apprentissages, identité…), les aides personnalisées sont inefficaces et risquent tout au contraire d’aggraver la situation. Les enseignants non formés à ces spécificités réaffirment la nécessité de pérenniser les RASED, conscients et persuadés qu’il ne suffit pas de repérer les manques pour les combler, et qu’une analyse des difficultés au cas par cas est indispensable.

Par exemple, trois mois de soutien n’ont absolument pas permis de résoudre les difficultés en lecture de Martin, élève de CP. Sans l’intervention d’un enseignant spécialisé du RASED, cet enfant n’aurait pu trouver une aide adaptée.

Toujours de l’hypocrisie

Plutôt qu’une aide personnalisée, les enseignants du premier degré demandent des moyens pour travailler en petits groupes pendant le temps scolaire, pour se concerter, pour rencontrer les différents partenaires de l’école et pour vivre plus sereinement leur profession.

On ne peut qu’être dubitatif face à un tel paradoxe : le ministère se félicite de la mise en place d’une aide personnalisée, mais augmente dans le même temps le nombre d’élèves par classe en réduisant le nombre d’enseignants. Plus il y a d’enfants dans une classe, et moins l’enseignant peut être disponible pour chacun d’entre eux. Au lieu de rajouter des heures de cours aux élèves en difficulté et de supprimer 3000 postes en RASED, ne serait-il pas plus logique de diminuer les effectifs dans les classes et de donner des moyens supplémentaires aux RASED pour apporter les réponses adaptées à la difficulté ? Logique, oui ; économique, non. L’hypocrisie a de beaux jours devant elle.

Sud éducation Tarn. Extrait du journal fédéral de Sud Education, juin/juillet 2009


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