Le 49^e congrès de l’ICEM à Strasbourg m’ a permis de renouer avec des débats sur des pratiques pédagogiques radicalement opposées à la doxa des programmes et des instructions officielles en cours et de participer à une réflexion sur l’enfant et sur la société.

Pour moi, documentaliste de collège, l’ennui est sans doute le sentiment dominant des enfants en cours, et en particulier pour les enfants de la classe ouvrière et des autres milieux populaires. La méthode naturelle de Célestin Freinet part du même constat de l’ennui des enfants en classe, et propose de s’appuyer sur leur désir d’agir, appelé par lui « puissance de vie ».

Depuis les années qui ont suivi la Première Guerre Mondiale, l’engagement de Freinet dans le mouvement révolutionnaire ouvrier a été constant. Il semblerait que cette lucidité politique soit toujours vivante. On pourra le vérifier en lisant la lettre de Jean-Paul Walter, militant de l’ICEM et directeur d’école à Bourg-Bruche (Bas-Rhin), qu’il a adressée pour refuser les palmes académiques en 2008. Plus d’un enseignant désobéisseur est lié au Mouvement Freinet.

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Cinq cents enseignants, militants , curieux débutants ou retraités, venus à Strasbourg confronter leurs expériences dix jours avant la rentrée des classes : un spectacle qui m’encourage à transformer mes pratiques pour laisser se développer la curiosité, le questionnement, l’envie d’apprendre, l’esprit coopératif et le refus des dogmes scolastiques.

Au-delà de mon enthousiasme, voici une question. Nous voulons à Sud-éducation remettre en question les pratiques pédagogiques normatives. Un tel chantier n’a-t-il pas quelque chose à gagner de s’inspirer de l’expérience des mouvements pédagogiques liés au mouvement ouvrier : en particulier l’ICEM et le GFEN ?

Jean-Yves Cerf