Auto-évaluation, piège à cons

dimanche 19 février 2012
par  julien
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L’éducation, la formation sont des enjeux majeurs des élections présidentielles et législatives du printemps 2012, et les principaux candidats présentent leurs propositions. Sud éducation n’est lié à aucun parti politique et nous ne donnerons pas de consigne de vote. Et quels que soient le président et le gouvernement qui sortiront des urnes, nous savons que c’est la mobilisation des principaux intéressés, les personnels de l’Éducation, les parents, les jeunes en formation qui permettra d’obtenir des avancées significatives.

Ce journal vous présente quelques axes sur lesquels Sud éducation engage les personnels à se mobiliser, sur la santé et la sécurité au travail, sur l’alternance et l’apprentissage, sur les fermetures de classe, l’autoritarisme de chefs d’établissement, sur la solidarité internationale, le soutien aux sans-papiers…

La mobilisation de décembre a permis un premier recul du Ministère, qui a renoncé à mettre en œuvre dans l’urgence sa réforme de l’évaluation des enseignants et a annoncé l’ouverture de « négociations » sur ce sujet.

La fédération Sud éducation ne s’inscrira pas dans cette pseudo concertation, et a écrit en ce sens au Ministère :

« Sud éducation accueille favorablement la décision de repousser au 1er janvier 2013 la mise en place de l’entretien individuel, fixée auparavant un an plus tôt, 1er janvier 2012.

Pour autant Sud éducation ne peut s’inscrire dans un processus de négociations à propos de la réforme de l’évaluation, pour les raisons suivantes

  • Sud éducation est opposé à la notation, aux inspections infantilisantes, à l’évolution différenciée des carrières… Mais les nouvelles modalités d’évaluation des personnels sont encore pires ! On passe à l’ère du management sur le modèle de l’entreprise capitaliste car les contrastes entre les carrières seront plus accentués encore alors que nous sommes favorables à l’avancement le plus rapide pour tous.
  • L’entretien reposera tout d’abord sur une auto-évaluation, vous l’avez confirmé, selon des grilles fournies par l’administration. Comme les expérimentations ont déjà permis de le constater, comme on le voit aussi avec les personnels non-enseignants, ce système a démontré sa nocivité : augmentation des pressions hiérarchiques, infantilisation des personnels, gestion individualisée des carrières que l’on veut désormais étendre aux enseignants. On doit soi-même s’évaluer… à travers les yeux de la hiérarchie et ses critères désormais purement comptables. Par exemple, la question de la progression des élèves est bien une des questions centrales de nos métiers, mais évaluer, faire dépendre la progression des collègues sur cette base nous paraît à la fois extrêmement compliqué techniquement, et scandaleux quant au fond.
  • Les plus « méritant-e-s » (les plus dociles ?) seront gratifié-e-s d’un ou plusieurs mois de réduction par rapport à l’ancienneté moyenne pour accéder à l’échelon supérieur. Ainsi le supérieur hiérarchique direct, auquel les collègues sont quotidiennement confrontés, aura un pouvoir personnel accru  : cela ne peut conduire qu’à des disparités, à des injustices plus grandes que le système actuel, et nécessairement à l’exercice de pressions, voire à des abus de pouvoir. D’autant que vous avez refusé que ces entretiens puissent se dérouler en présence d’un représentant syndical, alors que l’évaluation comporte des critères « politiques » problématiques : positionnement vis-à-vis de l’institution, projet d’établissement…

Aucune négociation n’est donc possible dans le cadre de ce projet. La fédération Sud éducation appelle à construire la mobilisation pour le contrer. »

Il s’agit là d’un aspect parmi d’autres de la politique de casse de l’éducation pratiquée ces 10 dernières années. Les suppressions de postes, la destruction de la formation initiale, la mise en concurrence des établissements, l’intrusion des méthodes managériales de l’entreprise dans l’école, sont d’autres maillons de ce système dont l’idéologie servira de base à la construction du programme proposé par la droite aux prochaines élections présidentielles. Les propositions des autres candidats sauront-elles revenir sur le mal déjà fait ? Pour l’instant, peu d’éléments semblent le montrer…

Quoi qu’il en soit, pour nous une chose est sûre : ce que ce que nous voulons, nous ne pourrons l’imposer que nous-mêmes et dans l’action. Nous ne voulons donner de blanc-seing à personne. Reconstruire une éducation nationale digne de ce nom va être un chantier laborieux dans lequel la détermination de tous sera prépondérante, que ce soit sur le plan des propositions, des contenus, que sur celui des rapports de forces pour imposer ceux-ci.

Restons unis pour affirmer nos exigences, dans nos établissements, nos organisations, et dans la rue s’il le faut.


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