Bulletin d’information syndicale de Février 2013

mardi 15 octobre 2013
par  sudeducationalsace
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Cette première édition de notre bulletin d’information revient, dans un premier temps, sur les élections qui se sont déroulées en Janvier 2013 : l’élection du Président et des Vice-Présidents de l’UdS.

Le second sujet abordé est : « LRU, mastérisation des concours : le changement, c’est pour quand ? »

Election des vice-présidents à l’UdS

Le 22 Janvier dernier, le Congrès de l’Université de Strasbourg s’est réuni pour procéder à l’élection des vice-présidents. Le 24 Janvier, le Président de l’UdS communiquait via mail les noms des 9 vice-présidents en omettant de présenter le détail des votes obtenus par ceux-ci. Michel Deneken, premier vice-président et vice-président formation initiale et continue, n’obtenait que 62 voix sur 106 et Hugues Dreyssé, vice-président Ressources humaines et politique sociale, 61 voix. Il s’agit-là des deux candidats ayant obtenu le moins de voix. Il s’agit aussi des deux candidats ayant recueilli le plus de voix contre leurs candidatures (36 chacun) avec un nombre de bulletins blancs (respectivement 8 et 9) plus faible que pour les autres candidats. Ces résultats chiffrés ne sont pas anodins étant donné que ces deux vice-présidents étaient déjà membres de l’équipe présidentielle lors du précédent mandat et en charge de la communication pour les listes UDS lors des dernières élections (en étant notamment les correspondants officiels pour ces listes alors qu’ils n’en faisaient pas partie).
Il s’agit donc d’un vote qui rappelle au Président réélu que son premier mandat n’a pas convaincu les membres des différents conseils de l’UdS et qui montre une confiance limitée quant à la politique promise pour ce mandat qui débute.
Par ailleurs, il est à noter qu’il n’y a qu’une seule femme vice-présidente. Interrogé sur ce manque de représentativité de la gente féminine, le Président aura eu deux réponses. Dans la première, face au Congrès, il fit référence à celle qui est son épouse depuis 30 ans et serait une fémisniste convaincue…Un argument aussi bien choisi que ceux de Nadine Morano lorsqu’elle se défend d’être raciste. La seconde réponse fut donnée à la presse locale à laquelle il a expliqué qu’il avait « proposé des postes à des collègues femmes qui n’ont pas souhaité les prendre. En séance, (il a) dit que les hommes qu’(il) présentai(t) étaient un deuxième choix » (article des DNA, publié en ligne le 24 Janvier). Dans l’article, il est précisé que cette dernière phrase est dite « avec humour ». L’humour, est-ce l’unique réponse que le Président est à même d’apporter aujourd’hui aux questions de parité alors que pendant la campagne les listes de soutien à Alain Béretz clamaient comme un argument de campagne, qu’en leur sein, « la parité femmes/hommes a été strictement respectée » (mail de campagne du 9/11/12).
Le mail du 24 Janvier annonce aussi la communication de la liste complète des vice-présidents délégués dans les prochains jours. Presque un mois après ce mail cela n’a toujours pas été fait…
Ces vice-présidents délégués sont au nombre de 10. 6 d’entre eux sont mentionnés dans l’article de « L’Actu » du 25 Janvier 2013. 4 sont délégués auprès du premier vice-président et vice-président formation initiale et continue et deux auprès de la vice-présidente Recherche et formation doctorale. Parmi les 4 vice-présidents délégués qui ne sont pas cités dans « L’Actu » il y a tout d’abord un vice-président délégué aux investissements d’avenir. Selon toute logique, ce dernier devrait être délégué auprès du vice-président finances.
Les trois derniers vice-présidents délégués sont en charge du numérique. Impossible à l’heure actuelle de savoir quelles sont les spécificités de ces postes ni de savoir auprès de quel(s) vice-président(s) ils seront délégués. Il s’agit là d’un sujet sensible. En effet, contrairement à la précédente équipe, il n’y a plus de vice-présidence politique numérique et système d’information. A la place, il y aura donc 3 vice-présidents délégués…Dans un passé récent, les personnels de la Direction Informatique (DI) ont dénoncé un manque flagrant de concertation et de cohérence dans l’organisation de leurs services. Est-ce qu’une direction tricéphale facilitera les choses ? Pourquoi un domaine stratégique qui nécessiterait 3 vice-présidents délégués ne mériterait pas un vice-président à part entière ? Cette situation ne résulte pas de décisions prises pour le bon fonctionnement de notre Université mais par stratégie politique. La vice-présidente politique numérique du dernier mandat a elle-même dénoncé, dans une lettre ouverte, le fait qu’elle avait été sacrifiée pour assurer la réélection d’Alain Béretz par le CA de l’Université. La vice-présidence politique numérique aurait pu être proposée à quelqu’un d’autre mais cela aurait été reconnaître publiquement la manœuvre politique. Il était donc, politiquement parlant, plus simple de supprimer cette vice-présidence.
L’ancienne vice-présidente politique numérique est professeur d’informatique. Cela pouvait lui donner une légitimité auprès des personnels de la DI…Cela n’a pas suffit à créer une atmosphère propice au dialogue avec les services de la DI. Les 3 vice-présidents délégués au numérique de la nouvelle équipe sont tous issus du secteur droit. Comment expliquer ce choix ? Quels sont les vrais chantiers à mettre en place pour ces vice-présidents délégués ? Le fait que la présidence n’est pas encore annoncé officiellement la composition complète de la nouvelle équipe de direction montre que les réponses à ces questions ne sont pas évidentes.

LRU, mastérisation des concours : le changement, c’est pour quand ?

On s’en souvient, le précédent Président de la République et son gouvernement n’avaient pas épargné les universités dans leur plan de destruction massive des services publics. La loi relative aux libertés et aux responsabilités des universités, dite loi LRU, a introduit une soi-disant autonomie des universités qui a surtout consisté à faire disparaître les budgets, et donc les dettes, des universités du budget de l’état. Cette loi a également augmenté le pouvoir des présidents d’université, faisant passer les universités du modèle collégial en vigueur auparavant (et qui pouvait sans doute être critiqué) à un modèle managérial issu du monde des affaires. Certains PU, dont Alain Beretz, se frottaient les mains de pouvoir jouir d’une telle influence : on se rend compte aujourd’hui à quel point ils ont été complices volontaires ou involontaires d’une mise en pièces de l’université publique et gratuite.

Au même moment, Valérie Pécresse, alors ministre de l’Enseignement Supérieur et de le Recherche, annonçait une autre réforme dévastatrice : la dite « mastérisation » des concours qui visaient à transformer les années de préparation au CAPES ou à l’agrégation en années universitaires classiques (équivalent d’un master). En quelques années à peine, cette réforme est parvenue à dégoûter du métier d’enseignant une bonne partie des candidats potentiels : réorganisation du calendrier des concours rendant la préparation quasi-impossible, disparition de l’année de stage et de formations IUFM post-réussite au concours (les nouveaux enseignants commençant directement par un service plein impossible à assumer pour des débutants), baisse drastique du nombre et du montant des bourses spécifiques, etc.

A Strasbourg, ces deux réformes ajoutées à une fusion réalisée dans les conditions que l’on connaît avaient mené à un mouvement de lutte d’une ampleur inconnue depuis mai 68 où SUD avait joué tout son rôle. Conscient du potentiel électoral représenté par les enseignants du secondaire et du supérieur, le Parti Socialiste avait annoncé qu’il reviendrait sur ces textes et proposerait aux universités un nouveau projet, que nous découvrons au fur et à mesure depuis le début 2013. A la lecture des projets du gouvernement, force est de constater que la déception est grande, tant les changements annoncés sont mineurs et ne modifient qu’à la marge l’esprit des réformes antérieures, voire le renforcent.

Transfert vers le marché…

Ainsi, le projet de loi Enseignement Supérieur et Recherche (dans sa version « pré-réunion ministérielle » datée du 15 janvier 2013) n’opère qu’un « toilettage » de la loi LRU. Le nouveau texte va même plus loin dans la logique de marché qui semble présider aujourd’hui aux destinées de notre communauté affirmant que « le service public de l’enseignement supérieur contribue à la croissance et à la compétitivité de l’économie et à la réalisation d’une politique de l’emploi prenant en compte les besoins des secteurs économiques et leur évolution prévisible ». De même, le texte ajoute aux missions de la recherche la notion de « transfert des résultats de la recherche vers le monde socio-économique ».

On apprend également que les établissements du supérieur ne seront plus habilités par l’Etat, mais simplement « accrédités » : derrière ce changement de vocabulaire se dessine un traitement de plus en plus inégalitaire entre les grands établissements et les petits, ainsi qu’une perte annoncée du caractère national des diplômes. D’ailleurs, le texte reprend et amplifie la logique de regroupement et de fusion des établissements entamée par la loi LRU, une section entière y étant consacrée. Dans le même temps, l’offre de diplômes étant trop coûteuse, les parcours de licence vont être regroupés autour de grands ensembles disciplinaires, réduisant ainsi la diversité et la spécialisation des diplômes proposés aux étudiants.

La logique d’évaluation introduite par la LRU est reproduite et amplifiée : seuls les résultats sonnants et trébuchants comptent, les organismes évaluateurs ne s’attachant qu’à la rentabilité immédiate de la recherche. Cette obsession de rendement a aussi des conséquences sur les conditions de travail des enseignants-chercheurs qui se voient obligés de constamment se justifier dans un climat de méfiance généralisée et devront désormais faire face à une « évaluation individuelle récurrente ».

Le texte modifie également en profondeur la « gouvernance » des universités. Alors que la loi LRU avait déjà considérablement réduit le pouvoir des conseils (seuls garants d’un minimum de démocratie dans le fonctionnement des institutions) au profit de « l’équipe présidentielle », ce nouveau projet supprime carrément le Conseil Scientifique et le Conseil des Etudes et de la Vie Universitaire, les regroupant dans un super « Conseil Académique » purement consultatif. Au Conseil d’Administration, les « personnalités extérieures », c’est-à-dire les représentants des entreprise, seront désormais nommées par le recteur d’académie avant même l’élection et participeront à l’élection du président : ce texte rend possible l’élection d’un PU par des personnes n’ayant aucun rapport avec l’université. Le texte se termine d’ailleurs sur l’annonce de la création d’un livre entier consacré « aux activités de transfert pour la création de valeur économique », tout un programme…

Mastérisation : plus de profs moins bien formés

Sur le dossier de la mastérisation, la logique est la même derrière le brillant sourire du nouveau ministre Peillon. Si la volonté de recruter plus d’enseignants est louable, elle donne lieu à une grande improvisation : organisation d’une deuxième session en juin, chamboulement des calendriers alors que la durée de préparation était déjà considérablement réduite. Le gouvernement met également en place une formation au rabais pour les enseignants de demain : réduction des contenus disciplinaires, affaiblissement de l’initiation à la recherche, formation professionnelle réduite à une formation sur le tas, et toujours une première année au service beaucoup trop lourd. Ainsi, les projets actuels risquent de renforcer le peu d’attractivité d’un métier précédé d’un tel parcours du combattant, et de vider encore plus l’enseignement (public) de son contenu, le transformant peu à peu en une sorte de couverture éducative universelle.

Comme en 2007, la communauté universitaire se mobilise autour de cette question, la plupart des sections du CNU qui représentent les filières concernées ont déjà voté des motions qui condamnent toutes unanimement la politique annoncée en matière de formation et de recrutement des futurs enseignants. De nombreux universitaires se sont également exprimés dans la presse, leur syndicat ou d’autres organisations professionnelles, pour montrer à quel point ces réformes sont également délétères pour les collègues du supérieur dont la mission est de former les enseignants C’est donc main dans la main que les collègues du supérieur et du secondaire, mais aussi du primaire, doivent lutter pour réinventer un véritable service public de l’éducation, de l’enseignement et de la recherche.


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